Après la crise sanitaire, le futur de l’immobilier entre prudence et optimisme

ArticlePublié le 13 juin 2023

Baromètre au beau fixe ou avis de tempête ? Difficile de se risquer aux prédictions en matière d’immobilier, tant le secteur dépend de facteurs sanitaires, économiques et législatifs en constante évolution. Depuis plusieurs semaines, de nombreuses études et annonces attestent d’une reprise encourageante mais aussi de défis qui inquiètent les professionnels, en particulier les promoteurs.

Alors que la croissance économique française repart (légèrement) à la hausse et que la situation sanitaire invite à la confiance pour l’été, penchons-nous d’abord sur les raisons de se réjouir. La Banque de France estime à 165 milliards d’euros l’épargne supplémentaire constituée en 2020–2021 en raison du déficit de consommation causé par la pandémie. L’immobilier devrait bénéficier de cette manne, le niveau toujours bas des taux d’intérêt favorisant les investissements.

Début avril, un sondage OpinionWay a ainsi dévoilé que la part des Français ayant fait ou faisant avancer leur projet immobilier depuis la fin du premier confinement en mai 2020 est supérieure à celle de ceux qui le reportent ou y renoncent.

Le Covid, accélérateur de tendances

Au début du printemps 2021, une étude SeLoger confirmait l’envie de “changement d’air” des Français lassés de l’étroitesse des logements en ville. Et presque la moitié des acheteurs ciblent pour leur recherche immobilière une agglomération de moins de 20 000 habitants, soit une ville moyenne. L’augmentation est remarquable, et la hausse concerne également les petites villes qui attirent désormais un tiers des acquéreurs potentiels, contre 12% en mai dernier. Les zones rurales tirent aussi leur épingle du jeu : la campagne attire désormais 15% des porteurs de projet d’achat, contre 4% en mai 2020.

Un autre sondage, cette fois pour Meilleurs Agents et réalisé fin mars 2021, nous apprend que près d’un actif français sur trois envisage, est en train ou a déjà déménagé ces huit derniers mois pour gagner en qualité de vie et confort. Les 25–34 ans, généralement primo-acquérants en début de vie active, sont nombreux à chercher un logement plus confortable.

Les acquéreurs recherchent désormais en majorité des maisons.. Ce désir d’espace s’explique notamment par la généralisation du télétravail, rendu possible par le déploiement de l’internet très haut débit sur le territoire. Une commune dotée de la fibre optique gagne logiquement en attractivité : 54 % des acquéreurs déclarent prêter une attention toute particulière à la qualité de la connexion Internet dans la recherche de leur futur bien.

Quelles conséquences sur le neuf ?

Si la demande est bel et bien là, l’offre tend à manquer, en particulier dans le neuf. Selon la Fédération Promoteurs Immobiliers (FPI), les promoteurs ont vendu en 2020 près de 40 000 logements de moins qu’en 2019, soit une contraction du marché de près d’un quart, et même d’un tiers pour les seules ventes aux particuliers !

Côté politique, après la “vague verte” aux dernières élections municipales, les professionnels du secteur suivent de près le projet de loi “Climat et résilience” qui sera étudié en juin par le Sénat. Parmi les mesures envisagées, outre celles visant à diminuer la consommation d’énergie, les pouvoirs publics envisagent de diviser par deux, d’ici à 2030, l’artificialisation des sols. En ligne de mire, l’ambition “zéro artificialisation nette” pour 2050.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé la mise en place prochaine d’un nouveau référentiel du logement de qualité. L’objectif : “faire évoluer nos pratiques, d’inverser la tendance au logement toujours plus petit, tout en tenant compte des enjeux sociaux, économiques et environnementaux”, dixit Emmanuelle Wargon, ministre déléguée en charge du Logement.

Cette annonce a été faite lors de la rencontre “Habiter la France de demain”, en février. Quatre “grands défis” pour l’avenir ont alors été mis en avant : sobriété, résilience, inclusion et production. Côté construction, le ministère a prôné “l’utilisation raisonnée de matériaux” et la flexibilité pour “pouvoir s’adapter aux mutations”. Un discours qui n’a guère rassuré les promoteurs, échaudés par les mauvais chiffres de 2020.

Au niveau national, l’Etat multiplie les contraintes réglementaires et les facteurs de surcoûts, et pousse à la rénovation ; au niveau local, beaucoup de collectivités locales ne veulent plus délivrer de permis de construire (leur nombre a baissé d’un quart en trois ans), analyse la FPI dans son bilan annuel 2020

En effet, les blocages restent nombreux pour tous ceux qui souhaitent se loger dans des conditions répondant à leurs aspirations. Au plus haut niveau de l’Etat, la crise sanitaire avait été qualifiée de “guerre”. Si l’heure est désormais à la reconstruction, encore faut-il s’en donner les moyens.

Nicolas Biais,
Directeur Primpromo

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